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par Suzy Dryden

Le sanglier et la tourterelle

Nouvelle

 

Il était une fois une sœur pèlerine qui avait beaucoup marché, beaucoup porté et beaucoup parlé. La nuit venue, elle décida de faire l’expérience de la solitude. Au lieu de se regrouper et de dormir à la belle étoile près de ses sœurs, elle se mit légèrement en retrait, à l’écart, près d’un buisson ardent.

Confortablement installée dans son sac de couchage, elle mit du temps à s’endormir…Toutes les images de la journée dansaient comme des lucioles mais peu à peu la fatigue et le silence prirent le dessus et elle s’endormit…

Au cœur de la nuit, elle se réveilla en sursaut. Un bruissement de pas discrets mais lourds et autoritaires chatouilla ses oreilles. Tout de suite, elle pensa à un sanglier redoutable. Dans le haut-var, il est connu comme le loup blanc, surtout la laie qui défend ses marcassins…

Tétanisée, la sœur pèlerine se recroquevilla et entama un chapelet. Rien à faire ! Le grognement de l’animal continuait à la hanter. Ne pas désespérer… Elle pria, pria et pria, frissonnante, prise de grandes sueurs froides.

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Au bout d’un moment qui lui sembla interminable, elle décida de fermer les yeux… la

cadence de la prière aidant, elle s’assoupit. Un frémissement de nouveau vers trois heures du matin la réveilla cette fois-ci en douceur. Le bruit de pas était plus doux et plus lent que celui du sanglier. Elle ouvrit un œil puis l’autre. Les ronflements et mouvements des sœurs pèlerines la rassurèrent.

Soudain, le roucoulement d’un oiseau éveilla sa curiosité. En prenant sa respiration, elle sortit sa tête ébouriffée du sac de couchage et vit, tout à côté, dans le buisson, une tourterelle au plumage argenté que la lune éclairait. Les étoiles scintillaient haut dans le ciel. Le cœur de la pèlerine se remplit de joie. Elle sourit seule dans le petit matin et attendit, les yeux grands ouverts, que ses sœurs se réveillent….

De retour dans son pays, elle sortit son sac et le laissa dans le jardin pour qu’il puisse respirer. Elle étendit son sac de couchage, rinça sa gourde, nettoya son attirail de randonneuse.

Subitement, elle entendit un bruissement. ! Une tourterelle ? Un sanglier ?

Non, un minuscule mulot des champs la regarda de ses grands yeux apeurés et sortit, dans un bond, du sac.

Joie de l’imprévu. A l’année prochaine….